Le coeur de l’Angleterre de Jonathan Coe
Gallimard, Du Monde Entier, 2019, 560 pages
Traduit de l’anglais par Josée Kamoun
« Elle savait aussi qu’elle lisait elle-même trop pour sa santé, accordait trop d’importance à la lecture, affligée d’une sorte de névrose obsessionnelle vis-à-vis de la littérature et de ses bienfaits moraux supposés. »
Bien sûr, il est préférable de lire cette trilogie dans l’ordre, en commençant par « Bienvenue au club », en poursuivant par « Le cercle fermé » puis en se plongeant enfin dans ce « Coeur de l’Angleterre ». Mais à découvrir les Trotter (ou ce qu’il en reste…) directement par ce dernier roman formidable (j’insiste : FOR-MI-DABLE) on n’est assurément pas perdant, ni perdu. On y suit une famille aux prises avec son époque, de 2010 à nos jours. Il y a Colin, le père, qui vient d’enterrer son épouse après cinquante-cinq ans de vie commune et qui y laisse sa vitalité. Benjamin, la cinquantaine et sa soeur Lois sont très proches, incluant Sophie, la fille de Lois, mais surtout pas Paul, leur frère à qui ils ne parlent plus (il vit à Tokyo). C’est un peu Doug qui le remplace, vieil ami de Benjamin, journaliste politique. Et c’est parti pour une presque décennie où l’Angleterre va vaciller sur ses bases…
Un roman formidable, donc, qui distille une mélancolie délicieusement douloureuse et qui pétille de cet humour si typiquement anglais. Les dialogues entre Doug et le jeune sous-directeur de la communication de Cameron sont des pépites du genre et les personnages annexes qui viennent se greffer au fil des pages sont tout immensément réussis. Pas un seul passage en-dessous des autres, les pages consacrées à la cérémonie d’ouverture des JO de 2012 sont superbes et donnent à ressentir cette fierté patriotique qui va ensuite purement et simplement s’évaporer dans les affres du Brexit. Benjamin évidemment représente, à mes yeux en tous les cas, l’Anglais avec un grand A et à ce titre a recueilli toute mon attention et ma tendresse. Un roman que l’on referme en laissant longuement la main posée sur sa couverture, certain qu’il sera relu.
9 septembre 2019 at 15:17
J’aime bien l’image de la main posée longuement sur la couverture ! 😉
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9 septembre 2019 at 18:25
Mazette, comment résister ? !
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9 septembre 2019 at 20:48
Quelle belle image finale ! Jonathan Coe à son meilleur jour, donc !
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9 septembre 2019 at 22:04
La dernière fois que j’ai lu du Jonathan Coe, c’était au 20ème siècle, ça date un peu donc… Devant ton enthousiasme, je ne peux que l’ajouter à ma liste…
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9 septembre 2019 at 22:08
Ah, j’ai écrit des bêtises ! Je n’ai pas lu de roman de lui depuis fort longtemps, mais tu avais réussi à me faire acheter « Notes marginales et bénéfices du doute ». 😉
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9 septembre 2019 at 22:31
J’ai abandonné deux lectures de Coe (La maison du sommeil et autre dont je ne me souviens même pas le titre), mais celui-ci me donne bien envie de tenter à nouveau l’expérience…
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13 septembre 2019 at 16:21
Ta première phrase répond à mes craintes. Je n’ai toujours pas réussi à me motiver à lire les précédents mais celui-ci, parce qu’il est ancré dans notre époque, me tente depuis que Coe en parle sans que j’arrive à franchir le pas. Peut-être l’occasion de me l’offrir à noël (ou avant). J’ai le sentiment que c’est un auteur assez inégal d’un livre à l’autre pour ce que j’ai lu (que j’ai soit adoré, soit abandonné en route) d’où mes réticences à passer à la caisse.
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13 septembre 2019 at 17:53
Moi non plus je ne suis pas une inconditionnelle de cet auteur mais avec ce roman je me suis régalée, il est vraiment formidable 🙂
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10 octobre 2019 at 22:02
Bonsoir Cuné, j’ai beaucoup aimé ce roman et j’ai eu le grand plaisir d’assister à une présentation de ce roman par Coe lui-même dans une bibliothèque à Paris. J’ai noté qu’il aimait beaucoup le cinéma de Billy Wilder en général et La garçonnière en particulier. C’est la deuxième fois que j’assiste à une rencontre avec lui. Il nous a dit qu’il était en train d’écrire un nouveau roman. Et il a eu l’idée du Coeur de l’Angleterre en partant en vacances à l’ïle de Ré avec sa famille. Il a deux filles. Bonne soirée.
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10 octobre 2019 at 22:03
Rebonsoir, le com est de Dasola. Bonsoir Cuné, j’ai beaucoup aimé ce roman et j’ai eu le grand plaisir d’assister à une présentation de ce roman par Coe lui-même dans une bibliothèque à Paris. J’ai noté qu’il aimait beaucoup le cinéma de Billy Wilder en général et La garçonnière en particulier. C’est la deuxième fois que j’assiste à une rencontre avec lui Il nous a dit qu’il était en train d’écrire un nouveau roman. Et il a eu l’idée du Coeur de l’Angleterre en partant en vacances à l’ïle de Ré avec sa famille. Il a deux filles et il est bien entendu contre le Brexit. Bonne soirée.
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11 octobre 2019 at 06:19
Merci pour ces précisions ! Jonathan Coe doit être un auteur très agréable à rencontrer, tu as de la chance de l’avoir fait deux fois 🙂
J’étais en Bretagne en septembre et j’ai croisé deux anglais qui, spontanément, se sont excusés pour le Brexit en m’assurant qu’ils adoraient la France, ça sortait tellement de nulle part, c’était étonnant.
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