La nouvelle vie de Kate Reddy d’Allison Pearson
Cherche Midi 2018, 587 pages
Traduit de l’anglais par Julie Sibony
Il y a seize ans Allison Pearson faisait un tabac mondial avec « Je ne sais pas comment elle fait », au moment du boum Bridget Jones et de toute cette effervescence autour de la ChickLit (littérature pour poulettes), la mal considérée pour laquelle j’ai toujours eu un faible. J’aime qu’on me fasse rire, qu’on m’amuse, et dans ce genre comme dans tous les autres il y a des perles qu’il serait bien dommage de snober. En revanche, Kate Reddy m’avait laissée froide – bien que je lui reconnaisse cette scène restée célèbre de la mère indigne déstructurant des pâtisseries industrielles pour les faire passer pour du maison auprès de l’école. Mais Kate Reddy à 49 ans, c’est une tout autre histoire.
J’ai A.D.O.R.É ce roman.
Totalement contemporain, il aborde avec courage l’ensemble des problématiques liées à la cinquantaine, sans rien omettre ni enjoliver, et il le fait tambour battant, à un rythme propre à donner le tournis, nous plongeant ainsi dans l’esprit même de Kate, avec un humour solide et incontournable. Il en propose d’ailleurs plusieurs déclinaisons, du comique de répétition (la copine qui commence tous ses mails par : « Je vais me tirer une balle ») aux situations les plus scabreuses (l’arrivée de règles over abondantes au pire moment), en passant par des dialogues vifs et percutant (ou leur absence : tout ce qu’elle aurait pu dire vs ce qui est finalement verbalisé). L’ensemble est, de plus (et c’est une véritable délectation) purement british : vous savez, ce petit côté tellement comme il faut, bonne éducation par dessus-tout, même – et surtout – quand par ailleurs c’est l’anarchie.
Kate Reddy est immensément attachante, on s’amuse beaucoup à ses côtés et on se fait cueillir par de jolies perles d’émotion quand elle se met parfois à nu – j’ai rarement lu plus juste état des lieux de la génération sandwich, coincée entre les parents vieillissants et les ados en souffrance.
Etait-il nécessaire d’ajouter un prince charmant ? Je ne suis pas sûre mais parce qu’il m’a évoqué le très beau personnage du capitaine Wentworth dans « Persuasion » (pour son génial PS au premier mail), je pardonne beaucoup. Et puis une petite touche de rêve, après tout…
« Quand tu seras bien vieille et grise, dodelinant
Aux portes du sommeil près du feu : prends ce livre
Et lis sans te hâter, et rêve à la douceur
Qu’eurent tes yeux jadis, dans leurs ombres lourdes.
Combien aimaient alors ta grâce joyeuse,
Qu’ils aimaient ta beauté, de feint ou vrai amour !
Mais un seul homme aima en toi l’âme viatrice
Et aima les chagrins du visage qui change. »
(WB Yeats « When You Are Old », trad. Yves Bonnefoy)
21 juin 2018 at 10:11
Need it 😍
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21 juin 2018 at 12:15
Chic, je le lis bientôt ! Moi aussi j’adore la chick lit et j’en réclame davantage.
Marre de la romance. 😀
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21 juin 2018 at 14:23
Gros soupirs, là. (argh la référence à Persuasion)
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21 juin 2018 at 15:35
C’est même carrément un mélange de Darcy et Wentworth d’ailleurs, mais ça arrive tard dans le roman et c’est assez annexe 🙂 (Mais bon quand même !)
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21 juin 2018 at 16:38
Tu pourrais bien réussir à me le faire lire !
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28 juillet 2018 at 16:06
Non seulement tu as réussi à me le faire lire mais pour cela je l’ai même acheté en grand format sans attendre la parution en poche ou son (éventuelle) arrivée dans ma bibli ! Je n’ai pas été déçue. Je n’avais absolument jamais entendu parler ni de Kate Reddy ni d’Allison Pearson mais je souscris à 100% à tout ce que tu as écrit dans ton billet, y compris sur ton interrogation quant à la nécessité d’introduire un personnage de prince charmant/deus ex machina. Pendant ma lecture, j’ai commencé à dresser une liste d’amies à qui l’offrir ! Merci encore pour cette découverte qui m’aurait totalement échappée sans ton billet.
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28 juillet 2018 at 16:21
Oh merci ! Un sacré roman, hein ? J’en ai le sourire rien qu’à y penser 🙂
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28 juillet 2018 at 19:20
Oui, un sacré roman comme tu dis. 🙂 Tu en as d’autres à recommander dans la même veine ?
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29 juillet 2018 at 06:45
Absolument pas et je le regrette ! 🙂
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25 juin 2018 at 10:53
Hey Sylvie,
Je suis bien d’accord avec cette chronique sur le deuxieme roman d’A. Pearson.
Voici le lien avec ma critique: https://www.babelio.com/livres/Pearson-La-nouvelle-vie-de-Kate-Reddy/1039488/critiques/1621128
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2 juillet 2018 at 18:26
j’ai a-do-ré ! tu crois que c’est une question d’âge 😀
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3 juillet 2018 at 06:57
Je le crains 😉
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2 juillet 2018 at 22:56
et à la réflexion, je suis grave d’accord avec ta réflexion sur le capitaine Wentworth…. quel bel e-mail… avec un petit coté Darcy dans le sauvetage du neveu… soupir…
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3 juillet 2018 at 06:58
Ouiiiii, j’ai pensé aussi à Darcy pour tout le côté chevaleresque ! Et dire que c’est un américain… *soupir*
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2 juillet 2018 at 23:11
Extrêmement tentant ^_~ mais alors le premier est donc dans ma pal depuis 16 ans ?!!! Whaou 😏😜
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3 juillet 2018 at 06:59
Whaou en effet… 16 ans de PAL ? Un record, nan ? 🙂
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7 juillet 2018 at 08:26
allez un petit bonnus Yeats rules !
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7 juillet 2018 at 17:08
Oh Mafiou !!
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30 juillet 2018 at 11:16
Ce roman me tente bien pour une lecture estivale … N’est-ce pas trop chick-litt ou romance, voire trop long pour parler des tribulations d’une quinqua ?
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30 juillet 2018 at 12:52
C’est de la pure chick-lit, si, mâtinée de romance en plus, et ça ne parle QUE des tribulations d’une quinqua. Et pourtant, c’est génial (à mon goût bien sûr).
Mais il me semble que tu avais déjà été déçue par un roman que je recommandais fortement, aussi je pense que nos goûts ne se rejoignent pas (plus ?) très bien, attention 🙂
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30 juillet 2018 at 13:41
veux-tu parler peut-être de « Un clafoutis aux tomates cerises » qui, je l’avoue, le reconnais, m’était tombé des mains et « j’avais jeté l’éponge » par trop de miévrerie, de bons sentiments … Mais, je pense qu’ici il s’agit d’autre chose. C’était en fait l’un des avis divergents parce que sinon entre Anna Hope, Gail Honeyman, Nathan Hill ou encore notre chouchou Richard Russo, ton blog est pour moi très prescripteur et je te rejoins souvent sur tes avis.
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30 juillet 2018 at 15:07
En effet, 1 sur plein d’autres, ça reste anecdotique 🙂
Dans ce roman-ci tu ne trouveras pas une miette de mièvrerie. Ça, je te le garantis 🙂
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30 juillet 2018 at 15:48
Alors pourquoi ne pas se laisser tenter …
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