Les fantômes du vieux pays de Nathan Hill
Gallimard, 2017, 703 pages
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Mathilde Bach (The Nix 2016)
« – Tu as parlé à Alice ? demanda Samuel.
– Ouaip.
– Comment elle était ? Quelle impression t’a-t-elle fait ?
– Elle m’a semblé particulièrement intéressée par la moutarde.
– La moutarde ?
– Ouaip.
– C’est de l‘argot ?
– Non. La moutarde, la vraie, renchérit Pwnage. Elle est passionnée par la moutarde.
– Je ne comprends pas.
– Moi non plus. »
Quand il avait onze ans, la mère de Samuel Andresen-Anderson est partie. Elle les a laissés, son père et lui, et il n’a plus jamais entendu parler d’elle jusqu’à ce jour de 2011 où elle fait le buzz : elle a lancé des cailloux au gouverneur pressenti pour être candidat à la présidence. Coincé par son agent (il a touché une très grosse somme dix ans plus tôt pour écrire son premier roman et n’a rien fourni), il doit maintenant écrire un livre bien racoleur sur sa mère. L’occasion de revisiter le passé…
« Pwnage avait dit à Samuel que chaque personne qui nous entoure représente un ennemi, un obstacle, une énigme ou un piège. Pour Samuel comme pour Faye, dans le courant de l’été 2011, le monde entier était un ennemi. La seule chose qu’ils espéraient encore de la vie, c’était qu’on les laisse tranquilles. Mais le monde n’est pas supportable pour qui y est seul, et plus Samuel a plongé dans l’écriture, plus il a compris à quel point il se trompait. Car en ne voyant les gens que comme des ennemis, des obstacles ou des pièges, on ne baisse jamais les armes ni devant les autres ni devant soi. Alors qu’en choisissant de voir les autres comme des énigmes, de se voir soi comme une énigme, on s’expose à un émerveillement constant : en creusant, en regardant au-delà des apparences, on trouve toujours quelque chose de familier. »
Découpé en dix parties qui alternent présent et passé, ce premier roman est un enchantement. Sous d’apparentes digressions il tisse une toile bien serrée où de nombreuses surprises attendent le lecteur. Un sens des dialogues très réjouissant se mêle à une réelle capacité à mettre en mots les sensations diffuses – j’y ai trouvé par exemple (et entre autres) la meilleur description du phénomène de la panne de lecture (dans le roman, il s’agit de jeux vidéos). Quel que soit le sujet abordé, d’ailleurs, on ne cesse de se répéter « mais oui, c’est ça, c’est exactement ça », et ça participe à ce plaisir si intense, cette envie de cesser toute activité pour enfin pouvoir se replonger dans ces sept cent pages qu’on aimerait étirer encore et encore. Un grand coup de coeur !
17 août 2017 at 06:47
Un avis aussi enthousiaste ne peut que m’inciter à passer outre l’obstacle des 703 pages. ! Albertine Proust parle de « portraits caustiques ». ça aussi c’est tentant !
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17 août 2017 at 08:59
Tu es le quatrième billet que je lis ce matin sur ce roman, qui visiblement ne laisse pas indifférent. A retenir donc 🙂
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17 août 2017 at 09:10
J’allais faire la même remarque qu’Aifelle ! C’est visiblement un roman dont on va entendre parler.
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17 août 2017 at 09:23
Hé, hé, pas difficile de trouver des citations intrigantes, n’est-ce pas ? C’est le genre de roman où on note plein de passages… même si pour moi, ce n’est pas vraiment un coup de cœur.
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17 août 2017 at 12:23
visiblement je ne dois pas oublier que j’ai déjà lu des billets qui m’ont tentée! merci
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17 août 2017 at 15:50
Je sens qu’il va y avoir un paquet d’incontournables pour cette rentrée !
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17 août 2017 at 18:39
On risque d’en entendre parler de celui là !
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17 août 2017 at 20:36
Tant mieux 🙂
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18 août 2017 at 11:26
Des longueurs m’éloignent du coup de coeur mais un premier roman remarquable
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21 août 2017 at 22:11
Je suis en plein dedans. C’est un roman à l’américaine, avec ses longueurs et ses fulgurances. Il me tient en haleine.
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22 août 2017 at 05:52
J’aime bien ta formulation ! Il tient en effet en haleine, et j’ADORE ces longueurs et fulgurances à l’américaine.
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22 août 2017 at 19:00
Je suis aussi une fanatique des longueurs et fulgurances à l’américaine. C’est plus que noté !!!
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29 août 2017 at 11:29
Coup de cœur aussi, très drôle, très acide, un de ces livres « nourrissants » comme j’aime !
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16 octobre 2017 at 22:52
Franchement, ce roman, c’est un vrai chef d’oeuvre ! Il m’accompagne dans mes trajets au travail (le seul moment où je peux lire en toute tranquillité et sans culpabilité), et j’en parle sans arrêt autour de moi. La traduction est très bonne, je salue le travail de la traductrice.
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19 décembre 2017 at 23:57
J’ai lu presque cent pages et je suis perplexe, bon je m’accroche encore un peu et peut-être qu’il me le rendra ☺️
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20 décembre 2017 at 08:09
Aie, si tu n’accroches pas de suite, ça me paraît compliqué pour la suite
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21 février 2018 at 22:11
Je viens de le finir ! C’est un sacré chef-d’oeuvre !!!!!
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3 octobre 2018 at 11:53
Décidément il plait ce roman !
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4 octobre 2018 at 17:16
Mon ado l’a lu et l’a adoré ! Je suis ra-vie.
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4 octobre 2018 at 17:21
Ouah ! Il lit des pavés 🙂
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4 octobre 2018 at 17:51
S’il accroche bien à l’histoire et au style, plus le livre est gros plus il est content !
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4 octobre 2018 at 17:52
Je lui avais donné envie en lui en lisant des passages.
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