« Une dernière question, s’il te plaît : crois-tu qu’un ordinateur puisse être conscient ?
– Je n’ai vraiment pas le temps…
– Juste oui ou non ?
– Oui et non, dit Rosa en raccrochant.«
Ada – Antoine Bello
Gallimard, collection blanche, 2016, 362 pages
Ada et moi ça a mal commencé. Déjà, je ne parvenais pas à comprendre pourquoi un petit policier à la carrière plutôt décousue, arrivé à la cinquantaine et pas mal réac sur les bords était chargé de la disparition d’une intelligence artificielle d’une boite en vue de Palo Alto. Ensuite pendant les soixante premières pages c’était l’ennui sévère. Est-ce que ça va commencer un jour ? me disais-je en relisant le billet de Papillon et en me demandant si je faisais un blocage sur Bello ou quoi. Peut-on avoir deux lectures aux antipodes d’un même roman ? – on peut, mais il fallait ici juste un peu de patience (qualité dont je ferais volontiers l’acquisition, votre prix serait le mien); Endurons, donc, les pages insipides sur le Baseball ou les haïkus, ou l’exposition de tout ce qu’on sait déjà (les lois d’Asimov ou l’histoire d’Alan Turing) et ne doutons pas qu’elles aient leur utilité (mais quand même : c’est longuet). Et puis le miracle du rire : la page 79, dont je ne peux rien révéler, lance véritablement le plaisir (c’est vraiment vraiment drôle), et j’ai alors accepté le principe de la pochade. Car rien n’est véritablement sérieux dans ce roman où l’exagération, le « recours intempestif et parfois incongru au registre argotique » (je cite), « le style effroyablement quelconque » (je cite toujours) et les nombreux côtés caricaturaux sont voulus, décidés, assumés : ils ont leur sens; dont ne saura rien avant les deux dernières pages, qui nous font reconsidérer ce qu’on vient de lire et qui, si on est un lecteur honnête (c’est-à-dire pas un blogueur d’après la page 323*), nous font reposer le roman avec un sourire sinon ravi, du moins satisfait. Entre-temps, Ada et sa mission nous auront décortiqué le monde de la romance littéraire et projeté quelques extrapolations inquiétantes quant aux IA, entre autres.
*« Je croyais que l’intérêt de tenir un blog consistait à exprimer son point de vue.
– Non, l’intérêt d’un blog consiste à présenter au reste du monde une version idéalisée de soi-même : on encense des livres qu’on n’a pas lus, on relaie des pétitions qu’on ne signe pas, on dénonce le racisme alors qu’on change de trottoir pour ne pas croiser un Noir en capuche.«
7 septembre 2016 at 06:46
Il m’attend celui-ci, après les Falsificateurs et le billet de papillon, j’étais obligé 🙂
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7 septembre 2016 at 07:00
J’ai lu un billet de blog hier (relayé par Bibliosurf) qui m’en a tellement trop dit que j’ai même plus envie de lire le roman, sachant déjà de quoi il retourne …
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7 septembre 2016 at 08:33
C’est sûr que si l’effet de surprise est éventé, il faut vraiment vraiment être fan de Bello pour le lire quand même 🙂
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7 septembre 2016 at 08:05
Je me dis pourquoi pas … Bello ne m’ennuie pas d’habitude
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7 septembre 2016 at 10:52
Je suis aussi objective sur Bello que Papillon, donc. Mais je pense que je vais me méfier des billets qui en disent trop (j’espère ne pas être tombée sur celui dont parle Brize) en tout cas le tien ça va, mais depuis le temps, je sais que tu préserves le plaisir du lecteur. D’ordinaire ce sont plutôt les journalistes qui en disent trop (et ne lisent pas les livres?)(c’est quoi ce truc sur les blogueurs, pfff, si je vois Bello, ça va chauffer)
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7 septembre 2016 at 12:40
J’aurais plutôt tendance à ne pas en dire assez, mais je préfère ça 😉
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7 septembre 2016 at 10:55
Bon, bon. Un début un peu trop longuet, je m’en coltine quelques uns ces temps-ci. Je vais donc décliner, mais merci car je l’avais cocher celui-ci, donc je verrai plus tard.
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7 septembre 2016 at 10:56
D’abord,chère Cuné, moi je ne connaissais ni les lois d’Adomov ni l’histoire de Turing (je ne suis pas fan de SF comme toi), donc j’zi appris plein de trucs. Je ne comprends pas comment tu as pu t’ennuyer avec ce roman, alors que moi j’ai trouvé cette histoire particulièrement addictive, et j’ai ommencé à glousser dès la page 8 (de l’édition numérique qui est plus condensée ) tellement je trouve que Bello a le sens de la formule. Mais bon, j’avoue que je suis une vraie fan !
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7 septembre 2016 at 11:54
C’est parce que j’ai écrit depuis mon tel que c’est bourré de fautes ! Sorry !
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7 septembre 2016 at 12:42
Ce ne sont pas des fautes mais des coquilles 😉
Il est établi que tu es une vraie fan, mais moi je n’ai absolument rien contre Antoine Bello ! Mais bon, là, je n’ai pas été emballée.
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7 septembre 2016 at 23:26
J’ai déjà deux livres de cet auteur dans ma PAL. Celui-ci me tente même si tu t’es ennuyé au début.
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8 septembre 2016 at 17:50
Je tenterai bien l’expérience malgré tout, curieuse je suis 😉
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8 septembre 2016 at 21:08
Très intéressante cette chronique qui en dit juste suffisamment pour piquer la curiosité.
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