« Proust, encore : « Il y a dans ce monde où tout s’use, où tout périt, une chose qui tombe en ruines, qui se détruit encore plus complètement, en laissant encore moins de vestiges que la Beauté : c’est le Chagrin. » »
L’autre qu’on adorait – Catherine Cusset
Gallimard, collection Blanche, 2016, 291 pages
Elle l’avait rencontré parce qu’il était un copain de son petit frère. Elle avait quelques années de plus, il aimait plutôt ça, ils sont devenus amants. Puis amis. Il était brillant, d’une intelligence vive, d’une culture insatiable, d’un charisme rayonnant. Tout le monde l’adorait. Il pouvait aussi se montrer sombre, il s’éloignait alors, de tous, de tout, incapable même de sortir de son lit, tout son grand corps douloureux. Et puis l’horizon s’éclaircissait, sans qu’il comprenne comment ni pourquoi, le goût lui revenait, de travailler, de sortir, de jouir, de vivre. En cycles. Il souffrait de troubles bipolaires mais ne l’a su que tardivement, n’a pas réussi à enrayer les cycles correctement. En 2008, à trente-neuf ans, il s’est suicidé. Catherine Cusset écrit ici un roman à sa mémoire, en s’adressant directement à lui (deuxième personne du singulier, donc), et retrace sa vie mouvementée en se mettant dans le même temps au plus près de ses pensées, de sa vie intérieure – ou de ce qu’elle en imagine. (« Tu sais, Catherine, les gens ont quand même une vie intérieure. » lui avait-il dit, vexé de ce qu’elle avait écrit sur lui dans un de ses romans.)
C’est le douzième roman de Catherine Cusset et je l’ai trouvé très réussi, acéré, nerveux, passionnant dans ses grands mouvements entre les continents, terrible dans ses descriptions de la vie universitaire américaine (où la médiocrité seule semble récompensée…), brillant dans ses citations culturelles, prenant, bien mené et… très froid. Je n’ai à aucun moment ressenti les émotions de la narratrice, et au lieu de penser à de la pudeur, c’est un parallèle avec l’entomologie qui m’est venu. Car indéniablement, si le portrait est minutieux il n’est pas chaleureux.
1 septembre 2016 at 07:31
Quelle cruelle maladie!
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1 septembre 2016 at 09:40
A tester, je n’ai jamais lu Catherine Cusset 🙂
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1 septembre 2016 at 09:53
J’étais un peu fâchée avec Cusset ces derniers temps mais là tu m’as vraiment donné envie.
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1 septembre 2016 at 11:50
ta comparaison avec l’entomologie et la froideur que tu cites me fait reculer. J’hésite du coup car je l’avais noté.
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1 septembre 2016 at 11:55
Ca m’intéresserait beaucoup d’avoir ton avis !
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1 septembre 2016 at 13:15
Ce titre… On le retrouve dans la chanson « Avec le temps » de Ferré.. Merci pour cette suggestion!
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1 septembre 2016 at 13:26
Oui, le titre en est extrait 🙂 Elle en parle dans le roman !
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1 septembre 2016 at 15:39
Belle présentation du roman mais je dois reconnaître que l’écriture de Cusset ne me touche pas beaucoup. Ca manque de chaleur, comme tu dis, aucune empathie ne se dégage et je trouve le style daté, figé dans les années 90. Ta présentation me rend tout de même curieuse… on ne sait jamais !
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1 septembre 2016 at 17:15
Je ne trouve pas son style daté, il correspond à sa personnalité, en fait, elle s’exprime à l’oral de cette manière aussi, ses études ont laissé leur marque 🙂 J’aime beaucoup, en fait, c’est une autrice que je suis depuis longtemps, ce qu’elle écrit est inégal mais ce livre-ci est bon (enfin je le trouve bon).
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1 septembre 2016 at 16:11
Je n’ai jamais lu Cusset. Le sujet m’intéresse, mais j’hésite. Sauf si j’arrive à le prendre à la bibliothèque.
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