Dernier avis avant démolition – Fabien Maréchal
éditions Antidata, 2016, 122 pages
Sans doute avez-vous déjà tous connu une panne de lecture; soudain, plus rien ne vous intéresse, dans un livre. Oh vous continuez à lire, de manière de plus en plus désespérée, d’ailleurs; vous commencez des tonnes de romans, dans des genres très différents, mais leurs défauts vous sautent aux yeux, ou pire, vous vous y ennuyez; quand il s’agit d’en reprendre la lecture, vous vous demandez pourquoi, au fond. Pas envie de connaître la suite. Plus de goût pour ces personnages, leurs aventures. Bof. Et l’angoisse monte. Et si… Et si plus jamais, une histoire ne vous faisait vibrer ? Si tout était pareil, fade, parfois pas mal raconté, bien sûr, mais consacrer tout ce temps à tous ces livres qui se ressemblent trop, pourquoi ?
Et puis arrive entre vos mains un tout petit recueil, plus petit qu’un format poche, plus fin aussi, on dirait un livre pour farfadets, dans son format même vous voyez déjà une invitation, quelque chose comme une proposition de jeu : t’en veux ? Alors vous lisez les premières pages. C’est « Démolition », la première (et la plus longue) nouvelle. Elle parle d’un vieux monsieur qui s’est caché dans une barre d’immeuble qui va être dynamitée ce midi. Il l’a construite, à l’époque. Il y a vécu, longtemps, heureux, avec sa femme et sa fille. Sa femme est morte et sa fille s’est éloignée. Pas lui. Il ne sait pas s’il va avoir le courage d’en finir comme ça. Il doute. Et il raconte. Ensuite, c’est « La Cérémonie », six pages, où un regard change tout, pourrait-on dire. « Le Monographe », vingt-cinq pages, nous parle d’un photographe et de son chat, en décalant subtilement les choses de manière si délicate qu’on se prend à douter de ce qu’on comprend, on revient sur nos pas, on s’étonne que tout cela puisse être à la fois si évident et si improbable. « Le Grand Départ » est une nouvelle affreuse, en sept pages, elle appuie très exactement là où on a tous déjà eu mal, d’une manière ou d’une autre. Et enfin « La Guerre Froide » (trente et une pages) décortique un syndicaliste.
Et c’est déjà fini. Et vous n’avez pas relevé le nez, jamais vous n’avez su où l’auteur allait vous emmener, tous ses univers sont familiers et quotidiens et pourtant étranges, jamais seulement ce qu’ils annonçaient être. Et ça ne tient pas à la chute, c’est ce que vous avez le plus apprécié : c’est dans le déroulé même des choses, quand ça se met en place, il y a comme un déclic invisible et d’un coup on a glissé; on n’est plus tout à fait ici et il y a une malice, quelque chose de bienveillant qui plane. Très réussi. Ca réveille les neurones !
23 mars 2016 at 17:48
Il t’a donc réconciliée avec les livres et enthousiasmée à ce point ? J’éprouve comme une obligation à noter ce titre et à me le procurer, du coup…
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23 mars 2016 at 17:50
Je l’ai trouvé vraiment très bon, oui.
Maintenant, ce n’est pas un roman ^^
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23 mars 2016 at 17:50
Tu as vu qu’il en a publié un autre, de recueil ? « Nouvelles à ne pas y croire ». Avis enthousiastes sur Amz.
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23 mars 2016 at 17:54
Oui, vu ! Il me le faut 🙂
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23 mars 2016 at 17:54
Voilà, tu es sortie de ta panne et je note ce recueil.
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23 mars 2016 at 17:55
Oui-mais-c’est-pas-un-roman. Ma panne sera terminée quand je prendrai plaisir à finir un roman 🙂
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23 mars 2016 at 18:15
Chic, je note !:) comment as-tu déniché ce petit remontant ?
Perso, un roman de Ken Bruen me remet en selle mais là rien en vue pour l’instant ! 🙂 donc, je note celui-ci au cas où !:)
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23 mars 2016 at 18:41
Proposé par l’éditeur ! J’ai dit oui parce que cette maison d’édition a été créée par Gilles Marchand et que Papillon venait de faire un billet génial sur « Le roman de Bolano ». Je ne regrette pas 🙂
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24 mars 2016 at 11:03
Ah ben, je suis ravie d’avoir indirectement contribué à te sortir du trou 🙂
Mais pour le moment je ne note plus rien (mais plus rien) sur ma liste à lire qui déborde de tous côtés !
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24 mars 2016 at 13:23
Du coup tu vas lire « Le roman de Bolano » ? Ou la bio de la peintre Paula Becker écrite par Marie Darrieussecq et qui a tant plu à Cathulu ?
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24 mars 2016 at 13:38
Non aux 2 ! « Le roman de Bolano », trop ardu pour moi (j’ai essayé), et Darrieussecq, vraiment pas envie du tout.
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23 mars 2016 at 18:47
Je note ce receuil …les pannes je connais , je sais que ça passe , mais lire beaucoup et aimer ça entraîne forcément des passages à vide.
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23 mars 2016 at 21:35
Je me suis bien reconnue dans ton premier paragraphe, c’est désespérant mais quand ça revient c’est formidable ! Et on bénit le livre (nouvelles, poésie, roman, polar qu’importe ?) qui nous a redonné le goût et l’envie…
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23 mars 2016 at 22:26
je suis justement en train de me réconcilier avec les nouvelles… comme ça tombe 🙂
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24 mars 2016 at 09:28
Si panne, revenir à la bonne vieille littérature qui a fait ses preuves ; en ce moment c’est « Faulkner » et sa lumière d’août qui m’enchante ! Impossible de ne pas être touché !
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24 mars 2016 at 21:20
Ce que tu racontes de la panne de lecture me parle ! Alors ce petit livre, je le note 🙂
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30 mars 2016 at 08:17
Je suis dedans aussi et je te rejoins totalement : difficile de lever le nez. L’astuce reste de s’arrêter entre les nouvelles en faisant taire la petite voix qui dit « la suivante est vraiment très courte, tu peux la lire … ». Pas facile à faire. Moralité : il ne me reste plus qu’un seul texte 😉
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