D’après une histoire vraie – Delphine de Vigan
JC Lattès, 2015, 479 pages
« … la fameuse phrase de Jules Renard (« dès qu’une vérité dépasse cinq lignes, c’est du roman »)… »
De temps en temps se distingue au-delà du brouhaha autour d’un livre quelque chose d’impérieux; on ne veut surtout pas en savoir trop, jamais entrer dans les détails, de peur de voir s’éteindre cette pâle étincelle imprécise qui amorce, de loin, le début d’une éventuelle envie. La presse en parle (toute la presse), les blogs commencent à le décortiquer, on sent qu’il y a là, possiblement, un roman pour soi. Alors on cède, on entre dans une librairie, on le tient entre ses mains, on l’ouvre. Vite, vite, avant qu’à force de l’avoir vu partout on ait l’impression (fausse, toujours fausse) de le connaître sans l’avoir lu. Vite, vite, avant qu’il ait perdu son aura de mystère. La première page est là, on est calme, on a un peu peur, on pense « ne me déçois pas », on plonge.
Et on en ressort quelques heures plus tard, ravi.
Delphine de Vigan a réussi l’improbable. Le roman limpide, dont chaque phrase s’agence parfaitement avec la précédente et la suivante, dont le déroulement happe son lecteur sans qu’il ait envie de bouger d’un cil, elle établit avec lui une connivence, elle le récompense d’une astérisque finale qui le fera immanquablement sourire. La nuit suivante, dans son lit, le lecteur se dira c’était joyeux, tout ça, on s’est bien amusé Delphine, on a senti que vous aussi en l’écrivant, beaucoup, mais vos mots ont porté plus loin, ce que vous avez dit de la fiction, des cheveux hirsutes, de ces sentiments indicibles de gêne et de maladresse, de ces journées sans mettre le nez dehors, de ce temps qui s’échappe sans que l’on comprenne où et comment, toutes ces petites et grandes choses qui se tiennent sous votre intrigue (à laquelle on s’est soumis de grand coeur), tout ça s’est logé quelque part en nous et fermente. Ca donne des idées, des envies, ça ouvre vers autre chose. On s’est bien amusé, mais pas seulement. C’était plus, c’était fort. C’était vraiment, vraiment, BIEN.
(Conseil aux lecteurs éventuellement tentés : ne cherchez pas à en savoir plus avant lecture. Les avis, les billets, les articles, tout cela sera un plaisir à lire APRES. Par exemple : Sandrine, ou Leiloona.)
27 août 2015 at 06:59
Un billet juste parfait ! Tu donnes envie et tu transmets bien tout ce qui se joue autour d’un livre attendu,Avant, pendant, après ! juste parfait !
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27 août 2015 at 07:00
Bon je ne dis rien du roman lui-même mais c’est très volontaire, à ma décharge ;o)))
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27 août 2015 at 07:00
J’espère ne pas en avoir trop dit. Comme toi, j’ai eu envie de donner envie. Envie de dire aux gens que ce n’est pas un livre comme Delphine de Vigan a déjà pu en écrire, centré sur elle. Leur dire que c’est un bel exercice littéraire qui de façon inattendue, m’a plu.
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27 août 2015 at 07:01
TU es responsable du fait que je me sois précipitée en librairie, Sandrine, après avoir lu ton billet me suis dit bon ok, j’y vais ^^
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27 août 2015 at 07:53
Oh les tentatrices , vous êtes terribles ,je ne vais pas résister longtemps
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27 août 2015 at 07:58
Ne résiste pas ! 🙂
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27 août 2015 at 08:15
Ok je ne vais pas essayer d’en savoir plus, mais je vais le lire !!!
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27 août 2015 at 08:39
Celui-ci sera assurément dans ma pile rentrée-littéraire, et je suis ton conseil précieusement, je vais essayer d’en savoir le moins possible.
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27 août 2015 at 08:51
Quel beau billet ! Comment résister à l’envie de se précipiter en librairie ?
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27 août 2015 at 09:05
Rhàlàlà ! C’est rudement tentant tout ça ! Et il est parfois tellement bon de céder à la tentation…
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27 août 2015 at 10:14
Superbe billet ! C’est toujours un régal de te lire.
« D’après une histoire vraie » est LE livre que j’ai envie d’acheter depuis que j’ai écouté Delphine de Vigan dans « Les Bonne Feuilles » sur France culture. Je cours chez mon libraire cet après-midi 😉 !
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27 août 2015 at 10:17
Merci Marie ! Tu sais que je redeviens rémoise en juillet prochain ? On va pouvoir se prendre un café, enfin ;o)
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27 août 2015 at 10:40
Oh mais c’est une super nouvelle !! Je m’en réjouis d’avance 😉 !
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27 août 2015 at 10:45
Comme le début de ton billet est juste et je crains de perdre l’envie de lire ce roman tant il va être commenté. Peut-être attendrais-je sa sortie en poche pour laisser passer le temps, retrouver l’envie.
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27 août 2015 at 10:54
Il y a 3 solutions en fait :
1. Le lire MAINTENANT TOUT DE SUITE avant que la ruée ne déferle (et c’est tellement bon, je recommande cette option ;o))
2. Le lire bien après, une fois tout retombé et redécouvrir le plaisir d’un bon texte loin de toute actualité (c’est bien aussi, faut juste être d’une patience qui me semble extra-terrestre).
3. Le lire pendant le buzz et prendre le risque de penser tout ça pour ça parce que les attentes seront forcément biaisées (ou alors être totalement imperméable et objective, E.T. bis ^^)
Tu choisis ! 😉
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27 août 2015 at 11:13
Pas besoin de chercher à en savoir plus, ton billet suffit à provoquer l’envie irrésistible de choisir illico l’option 1 !
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27 août 2015 at 12:24
OK… Tu portes le coup fatal !!
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27 août 2015 at 12:36
Ah oui le sentiment « ne me déçois pas » (pareil pour le nouveau roman de Carole Martinez) Mais là j’ai lu ton billet et celui de Sandrine ce matin, ça ne fait qu’ajouter à l’envie et je crois bien que ton option N° 1 va l’emporter ! Je me souviens, lors d’une séance de dédicace de « Rien ne s’oppose à la nuit » avroir eu le temps de lire 50 pages du bouquin avant d’obtenir le graal et qu’est-ce que c’était bon, ce moment qui, à l’époque, me guérissait d’une mini-panne de lecture ! (Bon je vais quand en librairie ??)
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27 août 2015 at 12:46
ça donne envie. J’en entends dire du bien. Je n’ai jamais lu Delphine de Vigan (malgré tout le bien que j’avais entendu de Rien ne s’oppose à la nuit) mais je me demande si je ne vais pas m’attaquer à son oeuvre par D’après une histoire vraie. 🙂
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27 août 2015 at 12:58
Je n’avais lu que « No et moi » et ça ne gêne en rien, Zeb 🙂
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27 août 2015 at 13:42
Je n’ai lu que No et moi, ça m’a plu. Mais j’ai résisté à l’avant dernier.
Cependant, là, les filles, vous m’énervez pas mal! ^_^
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27 août 2015 at 14:06
Mon dieu, quel article !
Delphine de Vigan est définitivement l’une de mes auteures préférées (Jours sans Faim reste de loin mon favori)…comment résister avec une revue comme la tienne ?
C’est mon porte-monnaie qui ne vas pas apprécier du tout…
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27 août 2015 at 14:07
Ce sera mon prochain … forcément !!
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27 août 2015 at 14:07
C’est bien de ne pas en dire trop, le peu que je sais me suffit et me donne grand envie. J’avais bien aimé Les heures souterraines et une nouvelle de la dame lue ensuite. Par contre, pas du tout tentée par Rien ne s’oppose à la nuit (si ce n’est à cause de son titre).
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27 août 2015 at 14:08
Bravo!
Il me le faut maintenant!!! Aaah on n’est pas rendu ma bonne Francine!
🙂
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27 août 2015 at 15:26
je sens que je vais de moins en moins résister : vous êtes trop fortes, les filles ! Pourtant je vous assure que ce n’était pas gagné.
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27 août 2015 at 15:58
Je ne sais pas encore si je vais résister (c’est-à-dire attendre que la poussière soit retombée pour le lire tranquillement après tout le monde) ou me ruer dessus, mais j’ai retenu une chose,c’est que tu vas retourner à Reims !! Tu as hâte ?
Je suis par ailleurs en train de lire le 1er volume de « Vernon Subutex » (après tout le monde, donc, et en n’ayant lu que ton billet enthousiaste) et il me plaît beaucoup (alors que j’avais fait un faux départ il y a quelques semaines en lisant le début puis en l’ouvrant au hasard ; pas le bon moment, je trouvais ça atrocement déprimant point à la ligne).
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27 août 2015 at 18:23
C’est dans trop longtemps pour que j’aie réellement hâte (mais ça viendra) :))
Vernon Subutex n’est pas déprimant (comme tu peux le constater toi-même après ton faux départ). En revanche, j’ai beaucoup moins adhéré au tome suivant, dont j’ai même lu la fin en diagonale. Pas sûr que je me risque pour la suite.
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27 août 2015 at 21:38
Je me souviens que le 2ème ne t’avait pas convaincue. Comme c’est ma soeur qui me les prête, je ne prends pas trop de risques. Je suis curieuse de voir comment la situation va évoluer.
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29 août 2015 at 08:41
J’ai envie de me précipiter depuis le billet de ys, et la encore plus… Bob ben c’est dit quoi, va falloir 😀
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30 août 2015 at 16:41
Oh, mais tu sais que tu es tentante, toi? J’avais entendu dire que c’était juste so-so…mais là, je suis convaincue. Je ne sais pas s’il est arrivé chez moi pour le moment, par contre!
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31 août 2015 at 06:06
Je me demande qui a dit que c’était so-so, tiens… ça m’itnrigue ! 🙂
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1 septembre 2015 at 18:43
Je ne connais pas du tout, mais tu me donne vraiment envie de découvrir cet ouvrage !
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4 septembre 2015 at 09:17
Ce matin sur France Inter ils ont parlé d’un final (ou d’une fin, je ne sais plus) à la Stephen King. Tu es d’accord ?
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4 septembre 2015 at 09:23
Ca ne veut rien dire, « à la Stephen King », l’oeuvre du King est immense et ça peut signifier tout et n’importe quoi. Elle le cite en exergue (deux fois je crois), donc sous-entend elle-même une influence, restes-en là et savoure le plaisir d’une bonne histoire quand tu le liras. Accepte de passer par la lecture entière pour apprécier l’épilogue ! 🙂
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4 septembre 2015 at 14:07
Ils ont aussi mentionné « JF partagerait appartement » je crois. Je l’ai ouvert au hasard hier en librairie, sans l’acheter parce qu’il y a de fortes chances que des amis l’offrent à mes parents. Je n’attendrai pas des mois avant de me plonger dedans, et je ferai de mon mieux pour ne pas me spoiler. 🙂
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6 septembre 2015 at 14:53
Je le lirai – probablement l’année prochaine à moins que je le trouve à la bibliothèque avant.
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6 septembre 2015 at 17:45
C’est certain que les bibliothèques vont l’acheter, ce roman 🙂
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7 septembre 2015 at 11:45
Je crois que je vais me laisser tenter. Ils m’ont trop donné envie sur France Inter.
Je n’avais pas lu le premier tellement sa présence non stop sur les médias et son narcissisme mielleux m’avait agacée.
Au fait, as-tu lu « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » ?
J’en sors… Chef d’œuvre !
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7 septembre 2015 at 12:14
Eh non, je n’ai encore jamais lu Harper Lee. Je dois ! 🙂
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7 septembre 2015 at 15:02
IL FAUT 🙂
Et dans la foulée, je me suis acheté le DVD Du silence et des ombres avec Gregory Peck tiré du livre : super extra aussi.
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23 septembre 2015 at 09:19
Totalement d’accord avec Pascale. 🙂 Et je suis plongée dans « D’après une histoire vraie », qui me plaît énormément pour l’instant (plus que « Rien ne s’oppose à la nuit », que j’avais bien aimé mais pas adoré). Je ne suis pas très avancée dans ma lecture encore. A suivre…
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24 septembre 2015 at 18:39
Je l’ai terminé, j’ai été captivée, fascinée ! J’ai eu envie de noter des tas de passages (j’ai commencé à le faire mais j’aurais fini par recopier une bonne partie du bouquin alors j’ai arrêté). Franchement génial, non seulement parce qu’elle s’amuse à nous faire des noeuds dans le cerveau, mais aussi (et surtout) pour tout le reste, comme tu le dis justement. Quand je pense que je l’ai emprunté à la bibli, pas de bol, je suis bonne pour l’acheter afin de le relire ! 🙂
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24 septembre 2015 at 18:43
Moi je n’en revenais pas de n’avoir rien reconnu, pourtant des romans que j’avais lus et dont je me souvenais ! ;o)) C’est un roman qui supportera très bien une relecture 🙂
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24 septembre 2015 at 21:21
Côté films, j’ai aussi pensé à Fight Club en fait, si tu vois ce que je veux dire.
Ce que j’aime, c’est qu’au-delà du jeu littéraire, il y a un vrai fond, des interrogations et des réflexions qui me parlent et sonnent juste (sur l’amitié, le rapport à la féminité, etc.)
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18 mars 2017 at 09:30
Je suis en train de le lire. Pour l’instant (200 pages) j’ai un peu de mal à comprendre l’engouement même si c’est écrit avec fluidité mais sans passion.
Par contre je ne comprends pas que tu dises « on s’est bien amusé ». Je trouve ça assez angoissant et/car réaliste cette retranscription de la dépression.
Sa façon, même si elle est sincère, d’être constamment dans l’auto dénigrement et d’être la petite innocente qui se remet en question, m’agace parfois. Bref le personnage harcelé ne me touche pas (pour l’instant) et la harceleuse ne me séduit pas malgré tous les efforts de Delphine pour en faire un être sublime physiquement et intellectuellement.
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28 mars 2017 at 23:33
Bon ben euh… j’ai trouvé ça mauvais. Egocentrique, interminable, répétitif, sans beaucoup de surprises (on s’attend à TOUT) et pas très bien écrit ! Scolaire je dirais.
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29 mars 2017 at 04:31
On n’a vraiment pas les mêmes goûts 🙂
Je n’ai pas trouvé sur ton blog ton avis sur « Divines », tu l’as vu ? M’empêche de dormir, ce film. Pas aimé du tout.
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