« Maud n’aimait pas les idées reçues. Elle avait un jour déploré que la plupart des gens ne soient pas capables de comprendre la complexité des choses. Les paradoxes la séduisaient. Ils étaient comme l’aliment de l’intelligence. L’idée que l’humanitaire ne fût pas ce que tout le monde pensait qu’il était, à commencer par elle quelques instants plus tôt, était une découverte troublante, une sorte de défi. Elle s’en serait voulu de ne pas le relever.
– Tu crois que l’humanitaire, ça doit consister à transporter des explosifs ? demanda-t-elle, moins pour ridiculiser le propos d’Alex, que pour l’encourager à poursuivre le jeu intellectuel qu’il avait commencé avec elle.
– Je crois que l’humanitaire, c’est beaucoup de choses. Et il y a aussi beaucoup d’acteurs sur ce terrain. Que les grandes organisations de l’ONU s’en tiennent à apporter des vivres, c’est normal. Il en faut tout de même et elles ne peuvent prendre aucune initiative en dehors du mandat qui leur est confié par les états. Mais les ONG n’ont pas ces contraintes. Elles sont libres. A quoi sert leur liberté, si elle ne leur permet pas d’aller au-delà, de faire des choses interdites ?«
Tout le propos de fond de Check-Point, de Jean-Christophe Rufin (Gallimard 2015, 379 pages) est dans cet extrait, et ces interrogations (reprises d’ailleurs en postface par l’auteur) sont passionnantes. Malheureusement la partie romanesque ne présente pas le même intérêt, et en suivant dans une sorte de course poursuite cinq humanitaires en Bosnie, on a du mal à les prendre au sérieux. Tout va très (trop) vite, aucun des personnages ne s’incarne au-delà des stéréotypes de sa présentation, et ce qui m’a le plus chagrinée c’est cette espèce de moment final où toutes les pistes qui ont été évoquées au fil des pages trouvent une résolution, j’étais presque gênée pour l’auteur, dont j’avais pourtant fort goûté la langue dans son Immortelle randonnée.
Joli billet de Karine Papillaud, même si je ne partage pas son plaisir.
16 avril 2015 at 17:03
Ah mince, il me tente beaucoup celui-là, par son thème et pour relire J.C. Ruffin découvert également avec « immortelle randonnée »
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16 avril 2015 at 17:25
J’ai été franchement déçue pour ma part, j’ai eu l’impression qu’il cherchait à écrire quelque chose de populaire, qu’il « s’abaissait » en quelque sorte, pas retrouvé l’esprit ni la plume que je connais.
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16 avril 2015 at 18:21
Il était sur une étagère devant moi aujourd’hui, et j’ai bien failli partir avec, mais finalement non.
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16 avril 2015 at 18:39
Je l’ai acheté avec gourmandise, pour ma part, le sujet m’intéressait énormément, mais bon.
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16 avril 2015 at 18:29
Aïe…son bouquin sur Jacques Coeur m’était un peu tombé des mains…le bonhomme m’est pourtant franchement sympathique
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16 avril 2015 at 18:39
Pas lu. Mais j’ai le souvenir de bonnes critiques dessus !
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16 avril 2015 at 18:31
Des avis très contradictoires, mais le thème semble séduire les journalistes de France inter et France info, moins le style apparemment. Comme pour toi, c’est la structure narrative qui est faible, je laisse tomber.
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16 avril 2015 at 18:41
Le thème est passionnant, ça, c’est acquis. Pour le reste, pas réussi à « croire » aux personnages ni à leurs mésaventures, mais si ça se trouve c’est moi qui grognotte, tu sais 😉
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16 avril 2015 at 18:42
(Mais je suis sincère : j’ai trouvé ça MAUVAIS.)
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17 avril 2015 at 07:00
Oups bon il ne sera pas dans les prioritaires celui-là – j’ai un doute,je ne sais plus si j’ai lu immortelle randonnée, ça m’agace, mais ça m’agace 😦
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17 avril 2015 at 07:23
Si tu ne l’as pas fait, il existe une version illustrée de toute beauté !
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17 avril 2015 at 07:26
Ceci : http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD-LOISIRS/Albums-hors-serie/Immortelle-randonnee
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17 avril 2015 at 07:02
Mince, c’est pourtant une des nouveautés qui me tentait le plus. En lisant la quatrième de couverture, je craignais la ressemblance avec Katiba. Ce n’est pas que je n’avais pas aimé ( la partie romanesque était peut-être là trop présente) mais je souhaitais quelque chose de plus profond. Apparemment ici la réflexion est bien là mais l’enveloppe est peu attrayante. Je ne vais donc pas me ruer sur ce livre.
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17 avril 2015 at 07:24
Je n’ai pas lu « Katiba », je ne saurais dire 🙂
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17 avril 2015 at 19:04
« Immortelle randonnée » m’a bien plus. Du coup j’avais envie de tenter de plus anciens comme « Globalia », ou « Rouge Brésil », etc.
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18 avril 2015 at 11:48
Moi aussi, ce livre m’attirait, mais je me suis méfiée parce que ça n’a pas collé du tout avec un précédent du même acabit (je ne sais plus si c’était « Katiba » ou « Le parfum d’Adam »), pour des raisons similaires à celles que tu mentionnes, alors que j’avais adoré « Rouge Brésil » et que, tout récemment, j’ai beaucoup aimé « Le collier rouge ».
« Gobalia » aussi m’avait déçue, pourtant j’étais partie bille en tête (un thème SF qui avait tout pour me plaire), mais (je ne me souviens plus trop pourquoi) ça n’a pas fonctionné sur la durée, quelque chose dans le traitement du thème ne m’a pas convenu (j’avais acheté le livre mais je ne l’ai pas gardé).
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18 avril 2015 at 20:00
Oh là là là là: déjà fan de Ruffin pour de multiples raisons, je trépigne à l’idée de lire celui-ci ! Il me le faut, tout de suite, maintenant, absolument !!!!!
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18 avril 2015 at 20:15
J’espère que tu aimeras, alors ! 🙂
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