« Enfin, je relis ce dernier paragraphe et la chose la plus juste que j’aie dite, je crois, c’est « Je me souviens de lui ». Ca oui, c’est la pure vérité. Dans ma tête, il est tout entier.«
L’idée ridicule de ne plus jamais te revoir – Rosa Montero
Métailié, 2015, 175 pages
Traduit de l’espagnol par Myriam Chirousse (La ridicula idea de no volver a verte, 2013)
Au départ elle était chargée d’écrire une préface pour un livre sur Marie Curie, et puis sa plume n’entendait pas s’arrêter là. Happée par la fascination qu’exercent la personnalité et la vie intense de cette scientifique incroyable, elle a acheté des dizaines d’ouvrages, a lu lu lu, en a parlé beaucoup, et se lance ici dans une conversation informelle avec le lecteur. En parcourant chronologiquement l’existence de Marie Curie, elle nous parle de ce que ça lui évoque, à coups de hashtags, elle manie les grands concepts et les minuscules détails de nos vies à tous. On est très loin du discours formaté ou de la leçon donnée, on est dans une intimité très chaleureuse, il est impossible de ne pas se sentir furieusement proche de Rosa Montero, on aimerait lui répondre, l’éteindre, la regarder bien en face et lui sourire de toutes nos dents.
« Mais, par ailleurs, c’est bizarre cette histoire de deuil. Surtout, je suppose, dans les deuils prématurés, dans les morts qui n’auraient pas dû se produire déjà. Et c’est bizarre parce que, malgré le temps qui passe, lorsqu’elle se met à faire mal, la douleur de la perte vous semble toujours aussi intense. Bien sûr, vous allez de mieux en mieux, beaucoup mieux; la douleur éclate en vous moins fréquemment et vous pouvez vous souvenir de votre mort sans souffrir. Mais quand la peine surgit, et vous ne savez pas très bien pourquoi elle le fait, c’est la même lacération, la même braise. Moi, en tout cas, c’est ce qui m’arrive, et ça fait déjà trois ans. Peut-être qu’avec plus de temps la morsure s’atténue, ou peut-être pas. Cette chose-là, personne n’en parle. C’est peut-être un de ces secrets que tout le monde connaît, comme celui de la #FaiblesseDesHommes. Peut-être que nous, les proches, nous avons l’impression d’être bizarres et de très mauvais proches parce que nous continuons d’éprouver la même douleur aigüe après tout ce temps. Peut-être que ça nous fait honte et que nous pensons que nous n’avons pas su « nous rétablir ». Mais, je le répète, la guérison n’existe pas : ce n’est pas possible de redevenir qui vous étiez. La réinvention existe, et ce n’est pas une mauvaise chose. Au bout du compte, maintenant, vous en savez plus.«
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« Mais la littérature, ou l’art en général, ne peut pas atteindre cet espace intérieur. La littérature s’applique à tourner autour du trou. Avec de la chance et avec du talent, peut-être qu’on parviendra à jeter à l’intérieur un coup d’oeil rapide comme l’éclair. Ce flash illumine les ténèbres, mais de manière si brève qu’il n’y a qu’une intuition, pas une vision. En outre, plus vous vous approchez de l’essentiel, moins vous pouvez le nommer. La moelle des livres se trouve au coin des mots. Le plus important des bons romans s’amasse dans les ellipses, dans l’air qui circule entre les personnages, dans les petites phrases. «
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De Rosa Montero sur ce blog :
La folle du logis, Le territoire des barbares et Instructions pour sauver le monde.
1 février 2015 at 07:36
Tu l’as dévoré et tu donnes envie ! 🙂
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1 février 2015 at 07:50
Rosa Montero ne me déçoit jamais : je lirai ce livre.
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1 février 2015 at 13:45
Il m’attend 🙂
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1 février 2015 at 17:06
J’aime bien Rosa Montero et j’aime bien Marie Curie aussi (une des idoles de ma jeunesse studieuse), mais je ne suis pas totalement convaincue par les extraits.
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1 février 2015 at 18:54
Ils ne sont pas représentatifs de ce qu’elle dit au sujet de Marie Curie, je les aime bien parce qu’ils parlent d’elle, qui m’intéresse plus 🙂
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2 février 2015 at 10:15
Contrairement à Papillon, je suis totalement convaincue par les extraits (surtout le premier), et j’ai bien l’intention de lire ce livre. Quand je pense que je n’ai pas encore acheté « La folle du logis »…
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2 février 2015 at 10:51
C’est dans cette lignée, effectivement 🙂
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2 février 2015 at 11:48
Je l’ai commencé, ai été happée tout de suite (mais la vie réelle a pris le dessus pour l’instant) et ça se confirme : Rosa est ma meilleure amie…
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3 février 2015 at 07:13
Je suis conquise, c’est noté. Ces extraits sont magnifiques.
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4 février 2015 at 15:51
Tout à fait mon genre, j’achète (les extraits m’ont FASCINEE) merci cuné!
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5 février 2015 at 08:49
j’aime bien Rosa Montero, du coup j’étais déjà tentée, je le suis encore plus 🙂
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5 février 2015 at 20:13
En ce moment, sur France Inter, dans son émission L’humeur vagabonde, Kathleen Evin reçoit Rosa Montero à propos de ce livre.
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6 février 2015 at 06:13
Cool, merci, j’écouterai ça ! 🙂
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13 février 2015 at 09:12
Cette femme est follement sympathique ! C’est le premier que je lis d’elle , je l’ai commencé hier soir et sens que je vais le dévorer…
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13 février 2015 at 10:08
Oui, c’est l’exact bon terme, follement sympathique ! 🙂
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13 février 2015 at 11:42
Décidément tu as le « chic » pour me faire lire des phrases qui parlent de moi.
D’ailleurs j’ai lu le Barnes… qui parle pour moi aussi 🙂
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13 février 2015 at 11:43
Et quel titre.
C’est tout à fait ça, l’idée ridicule, absurde, inconcevable de ne plus LE revoir !
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13 février 2015 at 11:51
Tu devrais beaucoup aimer ce livre de Rosa Montero, Pascale, elle a une pêche qui transparaît !
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