« Une sorte de néant, d’inexistence qui leur faisait à tous les deux, s’était dit Frantz, déjà des points communs, presque une affinité.«
Autour du monde – Laurent Mauvignier
Editions de Minuit, 2014, 384 pages
Quand on lit les articles mis en lien quant à ce roman sur le site des éditions de Minuit, on a du mal à se faire une idée de ce qu’est ce livre, au fond (et aussi – et surtout – ça paralyse toute tentative de faire un billet construit à son sujet), alors qu’en fait c’est très simple : à partir du séisme gigantesque qui a secoué le Japon en mars 2011, il donne à voir des gens très différents en des lieux aux Antipodes, au même instant mais pas du tout au même moment de leur vie. Roman choral par excellence (ou recueil de nouvelles, aussi), les liaisons sont fluides (et en même temps abruptes) (matérialisées par une photo), et ce sont des morceaux de vie qui viennent happer le lecteur, c’est un tourbillon, à chaque fois on croit que le suivant va être en trop, qu’on a déjà tellement plongé dans ceux qu’on vient de lire qu’on ne pourra pas s’intéresser autant aux autres et puis ça nous reprend pareil, entièrement. Cette lecture m’a empli la tête d’images fortes, qui vont rester, ce vieux professeur très abîmé par Alzheimer qui capte l’attention de toute une salle de restaurant en expliquant, en détails, enjoué, ce qu’est un séisme; ces deux vieux italiens prêts et pas prêts en même temps à faire « le » voyage pour le casino à la frontière, l’inversion du rapport de force entre eux, le moment du café où tout s’inverse; ce jeune américain malsain et inquiétant qui déboule chez son frère et le matin où sa belle-soeur est terrifiée à l’idée de pousser la porte du débarras où peut-être il aurait trouvé refuge; ce jeune papa coincé dans un embouteillage et qui cherche le moment précis où sa femme a perdu la raison… C’est très fort, ça donne une impression marquante, comme si l’indifférence, au final, la façon dont chacun, quel que soit son pays, son milieu, son âge, est très seul dans son petit coin avec ses petites questions et se fout totalement de qui arrive ailleurs. Là-bas, où il n’est pas. C’est évidemment aussi très bien écrit, maîtrisé, avec un usage abondant (et réussi) de ma chère prolepse, et une grande finesse, beaucoup d’éléments sont simplement suggérés, chaque phrase ouvre sur plus grand qu’elle, sur plus. Excellent.
10 octobre 2014 at 06:16
Tentée mais pas pour tout de suite. La construction m’intéresse beaucoup.
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10 octobre 2014 at 06:19
C’est vraiment vraiment bien, je te le conseille puissance 10 🙂
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10 octobre 2014 at 07:47
Un de cette rentrée qu’il le tarde de lire. Je sais qu’il est en bibliothèque, reste à trouver le moment. Mais je ne raterai pas un livre de Mauvignier.
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10 octobre 2014 at 07:56
Beau billet très convaincant. Je le mets aussitôt dans ma liste .
C’est à la mode cette façon de raconter des destins éclatés que le hasard réuni. J aime bien cette mode.
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10 octobre 2014 at 07:58
Merci !
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10 octobre 2014 at 08:32
Voilà un auteur autour duquel je tourne depuis longtemps … Sans oser franchir le pas (il paraît que c’est très noir) Celui-ci m’aidera sans doute à franchir le pas….😘
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10 octobre 2014 at 08:33
Excuse les répétitions de mon billet, je ne suis pas bien réveillée… Je n’ai pas encore franchi le pas entre cette nuit et ce matin moi…:))
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10 octobre 2014 at 08:47
j’ai failli l’acheter , bon là il faut que je retourne à la librairie !
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10 octobre 2014 at 13:31
Très tentant ! Je n’ai lu que Apprendre à finir, je crois.
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10 octobre 2014 at 13:42
(Et moi rien d’autre, c’était mon premier. Pas le dernier :))
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10 octobre 2014 at 15:30
Moi aussi je dois le découvrir, je tourne autour depuis trois ans, il va bien falloir passer à l’acte, je suis sûre que c’est un auteur pour moi (quasi sûre 😉 )…Et ton enthousiasme enfonce le clou, misère, ma LAL !!! 😦
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12 octobre 2014 at 20:34
Ah c’est intéressant et elle est sans doute un peu suspecte chez moi cette fascination pour le séisme du Japon et ses conséquences ! Comme Cathulu, la construction m’intéresse.
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13 octobre 2014 at 09:37
Il ne s’agit pas ici des conséquence du séisme et tout ça, c’est simplement le fil qui relie (vaguement) toutes les situations. Mais il en est question dans le premier texte, tout de même 🙂
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15 octobre 2014 at 11:31
J’aime Laurent Mauvignier depuis que j’ai lu (et tant aimé) Dans la foule ; lecture profondément marquante… J’ai bien sûr noté celui ci et il sera peut-être un de mes prochains achats !!
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11 novembre 2014 at 11:08
Je reviendrai lire ton billet quand j’aurai lu ce roman. 😉
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