Des années que je demande partout à tout le monde comment s’appelle cette figure de style littéraire propre à Stephen King (ou en tout cas celle que je lui attribue de toute éternité) – qui consiste à annoncer, par une petite phrase, la catastrophe à venir – et Jean-Philippe Toussaint, ENFIN, me l’explique merveilleusement dans « L’urgence et la patience » :
« Mais il y a autre chose qui m’est apparu pendant la lecture de Crime et châtiment, quelque chose de souterrain, de secret, de subliminal, dont je n’avais pas conscience sur le moment, que je ne pouvais pas nommer et que j’ai mis longtemps à identifier. En relisant le livre, trente ans après ma première lecture, je crois que j’ai trouvé, c’est l’usage que Dostoïevski fait du « plus tard », de « l’après-coup », cette immixtion limitée, ponctuelle, du futur dans le présent, qu’en narratologie on appelle la prolepse et au cinéma le flashforward (le contraire du flashback). Cette brève intrusion de l’avenir dans le présent induit pour le personnage un sentiment de prémonition, et implique, pour l’auteur, une idée de destin.«
Prolepse alors. P.r.o.l.e.p.s.e. D’accord. Merci. Pour lui Dostoïevski, pour moi Stephen King, bon.
(D’autre part, toujours dans ce livre (Editions de Minuit, 2012, 107 pages), un petit texte génial et malicieux, « Le ravanastron« , pépite absolue.)
10 juin 2014 at 10:52
Merci de contribuer à ma pauvre culture générale. Il ne me reste plus maintenant qu’à bien le replacer dans mes conversations, sans le confondre avec « prolapsus » 😉
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10 juin 2014 at 11:26
« Le ravanastron » ? rien que le titre donne envie ! :)et si en plus tu lui accordes l’appellation « pépite absolue » comment résister ? 🙂
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10 juin 2014 at 11:56
Ben voilà. Je ne connaissais pas le mot, mais aimais ce que c’était dans les livres (tu sais, l’intérêt se réveille, l’adrénaline coule, etc…)(avec parfois le coeur qui se serre)
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10 juin 2014 at 15:30
Je te lis avec plaisir même si parfois je n’y comprends rien. Comme je ne lis pas King et plus Dosto, je ne me suis jamais posé ce type de question. Je dois être un narratologue ? (narratologiste ?) qui prolepse sans le savoir.
Le Papou (Le Monsieur Jourdain de la lecture)
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10 juin 2014 at 16:10
Bah oui, c’est le contraire de l’analepse, retour en arrière (que l’on appelle trop souvent falshback) !
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10 juin 2014 at 18:03
J’aime aussi beaucoup la prolepse dans certaines séries où l’épisode débute toujours ainsi. Mais je ne me souviens plus quelle(s) série(s) !
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11 juin 2014 at 08:34
Dans Breaking Bad parfois ils s’en servaient aussi (et j’aimais beaucoup ça :))
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10 juin 2014 at 19:20
Il y a des nouvelles qui utilisent ce principe… quelques-unes de celles d’Alice Munro lues récemment te font deviner la catastrophe en une phrase ! (moi j’avoue, je suis prof de français mais en professionnel, je suis très contente de mon sort, mais honnêtement ce genre de truc ne me sert àrien, ni à mes élèves, donc je suis contente de le retrouver ici !!)
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11 juin 2014 at 06:52
Il faut vraiment bien l’utiliser que ce soit effectivement presque subliminal pour que cela ne casse pas l’envie de la lecture. Ça me donne presque envie de lire Stephen King.
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12 juin 2014 at 22:15
je ne connaissais que le terme de cinéma, merci cuné 🙂 prolepse c’est plus classe quand même…
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