Réparer les vivants – Maylis de Kerangal
Gallimard,Verticales, 2014, 281 pages
C’est l’histoire d’une transplantation cardiaque, point par point, personne par personne. Le don, c’est aussi la possibilité du refus, fait dire l’auteur à un de ses personnages à un moment (plus ou moins en ces termes, je ne retrouve plus le passage exact), et elle nous plonge ici dans un texte vraiment précis qui dessine patiemment tous les protagonistes; pas seulement leurs gestes (même si tout est détaillé), mais leur parcours, ce qui les a amenés au moment T qui les place sous le projecteur, qui leur fait tenir un rôle dans l’espèce de ballet ultra coordonné qui amène à ce geste fou, quand on y pense, parce que quelqu’un est mort on peut réparer un vivant. Et parce qu’on rencontre Simon « avant », quand il se réinvente « surfeur planétaire » alors qu’il n’est que « lycéen d’estuaire« , on prend la pleine mesure du choc reçu par sa mère (quand elle se regarde et ne se reconnaît pas, le moment précis où la vie se décroche, cette rupture de falaise tellement bien mise en mot, terrible !…), et on comprend aussi, si bien, la fébrilité des équipes qui se mettent en place, les protocoles tellement indispensables, les sentiments très mêlés de la receveuse. Plus qu’un roman juste, c’est un livre exact, qui se tient en équilibre permanent sur un ton tout à fait personnel, qui n’est ni du compte-rendu clinique ni chargé d’affect, sans être neutre pour autant. La langue est belle, elle est nette, elle chante avec des « mêmement » en rafale, des adjectifs rares, parfois un soupçon d’excès; le rythme fluctue, il s’emballe, il s’apaise, ça agrippe (du moins, ça m’a agrippée). Parce qu’il déclenche comme malgré lui l’empathie chez le lecteur, ce roman provoque une réceptivité totale, et me semble aussi difficile à occulter qu’à oublier. Une réussite !
D’autres avis, ils sont contrastés : Juléjim, Tonio, Zagazou, Céleste, Lili, Clara (qui fait même du lobbying par mail ;)), Flopaulhac, Cathulu, Nemosido …
11 février 2014 at 12:20
je ne suis pas fan de cette auteure , je me suis ennuyée à la lecture du « pont » mais je reconnais son talent.
Luocine
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11 février 2014 at 12:22
Je n’ai pas lu « Naissance d’un pont » (pas encore), peux pas comparer 🙂
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11 février 2014 at 12:22
Voilà, elle a le ton juste et son texte est effectivement très musical.
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11 février 2014 at 12:25
(J’avais pourtant fait une recherche avec ton outil de recherche, ça marche pas, madame !! Là je viens de regarder page par page, c’est bon, j’ai trouvé ton billet, je l’ajoute, évidemment !! :))
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11 février 2014 at 13:30
J’ai été transportée par ce livre. J’en parle ici: http://errancesimmobiles.com/2014/01/24/619/
Mais je le conseille et l’offre aussi à tout de bras ! C’est un petit bijou et tu décris très bien cette lecture.
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11 février 2014 at 13:32
Merci Nemosido 🙂
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11 février 2014 at 15:45
Impatiente de le lire, il est dans ma pal. Tu en parles très bien.
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11 février 2014 at 17:57
Bonne lecture, Nadael !
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11 février 2014 at 17:13
« Parce qu’il déclenche comme malgré lui l’empathie chez le lecteur, ce roman provoque une réceptivité totale, et me semble aussi difficile à occulter qu’à oublier. »
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C’est bien cela. Je me suis senti emporté au large, d’abord, avec les jeunes surfeurs, pour ensuite me retrouver en totale empathie jusqu’au bout, avec « ceux qui restent » et « ceux qui réparent » pour faire renaître du bonheur après le malheur.
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11 février 2014 at 17:57
Oui, un voyage éprouvant mais important 🙂
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11 février 2014 at 18:26
J’ai découvert Maylis de Kerangal avec ce roman (avis bientôt : une claque, et pour le sujet, et pour le style) et je compte bien récidiver avec ses romans précédents !
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11 février 2014 at 18:57
Pareil 🙂
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11 février 2014 at 20:19
Le précédent ne m’attirait pas mais celui-ci est déjà sur l’étagère. Comme une urgence…
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12 février 2014 at 05:46
C’est un peu ce que j’ai ressenti moi aussi, et j’admire le jeu de mot au passage 😉
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12 février 2014 at 20:56
Ah là là, comment résister ? 😉 Ton billet emporte mes derniers freins (j’avais tenté « Naissance d’un pont » sans succès).
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12 février 2014 at 20:57
Oh oui, tente celui-ci ! 🙂
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13 février 2014 at 16:25
Oui, je défends ce livre !!! et j’incite fortement à le lire ( mais sans exercer aucune pression..:))
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14 février 2014 at 05:43
C’est vrai. Tu suggères avec force, seulement 😉
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19 mars 2014 at 07:40
C’est un livre magnifique, et tellement..juste!! Rien ne sonne faux, et je sais de quoi je parle:):)
Mais, en dehors du sujet, l’écriture et le style de Maylis de Kerangal vont sans doute me conduire à m’intéresser à comment on construit un pont, et ça.. c’était pas gagné..
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19 mars 2014 at 07:42
Moi aussi j’ai très envie de lire « Naissance d’un pont », je suis très heureuse pour Maylis de Kerangal, elle vient de remporter 2 prix (étudiants/Télérama/France Culture et RTL/Lire) !
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19 mars 2014 at 09:48
Je partage votre joie Mesdames ! Ce livre ne peut pas sonner « faux » puisque c’est un chant, un chant d’amour !
😉
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