Traders, hippies et hamsters – Marina Lewycka
Editions des 2 Terres, 2013, 520 pages
Traduit de l’anglais par Sabine Porte (Various Pets Alive and Dead, 2012)
« Quand on y pense, rares sont les couples qui peuvent converser sur l’oreiller de la suite de Fibonacci ou de la copule gaussienne.«
Un roman de Marina Lewycka répond invariablement à cette question : on joue ? Elle est joueuse, la dame, avec les mots, avec les niveaux de langage (d’où la nécessité d’une bonne traduction, ici impeccable), avec les animaux et les situations. Elle a le sens du rythme, aussi, et aime à faire pétarader les émotions et les évènements. Et surtout, elle sait le faire, et nous offre immanquablement un bon moment.
« Le problème, c’est qu’elle est vraiment gentille. – Aucune importance. Fais comme si c’était une salope.«
Trois narrateurs : Doro, la mère, ex-utopiste aux idées communautaires que la soixantaine n’a pas assagie; Clara, la fille, instit en zone précaire qui a lâché son précédent boy-friend parce qu’il était toujours d’accord avec elle; et enfin Serge, le fils (et frère de, donc), amoureux de la pureté des mathématiques mais trader honteux, très accaparé par ses problèmes de conscience (et par une slave flamboyante). Autour d’eux ça fourmille, d’animaux (et d’animalité humaine), de rebondissements, d’épisodes du passé non réglés et que l’on découvre en même temps que nos héros.
« (…) Dès l’âge de trois ans, elle était capable de soutenir une longue conversation, consistant, pour sa part, en un unique mot – Pourquoi ? – (…) »
Par courts chapitres bien sentis (et bien intitulés, quel plaisir cette pratique des titres), on entre dans cette famille « Free » (ça ne s’invente pas) (ou plutôt si :)) et on ne s’arrête pas avant le dernier mot (je spoile, c’est « Aie ! » ;o)). Des vitamines anglaises dont notre printemps déprimant a bien besoin !
« L’aspirateur crisse et crépite en avalant d’invisibles saletés sur la moquette. Si seulement c’était aussi facile d’aspirer les déchets et les détritus qui encombrent sa vie. Ce n’est pas tant le ménage qu’elle trouve fatigant que les heures passées à dorloter, cajoler, réconforter, soigner, concilier, flatter les egos – tout ce travail émotionnel qui incombe aux femmes et qui n’est pas reconnu comme tel. A moins d’être infirmière, assistante sociale ou enseignante, auquel cas la socialisation féminine vous a préparé à une carrière faiblement rémunérée dans une de ces professions sous-estimées. « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde » la nargue sur la porte du réfrigérateur. Ca a l’air simple dit comme ça, mais Ghandi avait autour de lui une cohorte de femmes pour le bichonner et pour seul sujet de préoccupation de nobles causes telles que la paix dans le monde.«
Merci Cathulu !
13 mai 2013 at 08:31
ton billet bien troussé me donne envie de me mettre sur la voie de ce roman !! derrière les grands hommes, toujours une femme !!! 😉
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13 mai 2013 at 10:20
Immanquablement ! ;o)
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13 mai 2013 at 11:02
Toujours une histoire d’oeuf et de poule 🙂
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13 mai 2013 at 09:07
Excellente la dernière citation. 🙂
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13 mai 2013 at 10:21
Il y en a plein plein d’autres, j’ai fait un choix, mais j’aurais pu continuer encore 🙂
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13 mai 2013 at 10:05
j’avais détesté son histoire des tracteurs… bonne semaine 😉
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13 mai 2013 at 10:22
Mais comment est-ce possible, toi qui as si bon goût habituellement ? ;o) (Pas lu, mais j’avais beaucoup aimé ses champs de fraises, me souviens plus du titre)
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13 mai 2013 at 10:19
C’est vrai ça, quel glandeur ce Gandhi !
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13 mai 2013 at 10:23
Heureusement qu’il avait une mère, tiens ;o)
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13 mai 2013 at 11:02
Merci 🙂
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13 mai 2013 at 12:30
Joli billet ! Voila un roman qui m’interpelle et m’intrigue beaucoup.
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14 mai 2013 at 06:23
Merci 🙂
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13 mai 2013 at 14:21
Hum, les tracteurs ne m’avaient pas plu à 100 % (mais du potentiel se sentait derrière), pas lu le deuxième, mais là maintenant je crois qu’il va falloir que je m’intéresse à son cas,elle a l’art de la formule!
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14 mai 2013 at 06:23
Oh oui, elle pétille !
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13 mai 2013 at 15:10
j’adore ton billet. Je note ce livre ! (La liste s’allonge… depuis que tu es revenue :)))
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14 mai 2013 at 06:23
Merci 🙂
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13 mai 2013 at 18:33
Je plussoie très joli billet !:)
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14 mai 2013 at 06:23
Merci ! 🙂
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13 mai 2013 at 19:01
Un titre incontournable en prévision du mois anglais !
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14 mai 2013 at 06:22
Bonne idée ! 🙂
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15 mai 2013 at 07:58
Il me tente celui-là !J’adore : « Le problème, c’est qu’elle est vraiment gentille. – Aucune importance. Fais comme si c’était une salope. » Excellent !
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15 mai 2013 at 08:10
C’est un roman très sympathique 🙂
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16 mai 2013 at 21:29
Après avoir beaucoup aimé « une brève histoire du tracteur en Ukraine », et « Des adhésifs dans le monde moderne », je n’ai qu’une hâte : lire celui-là aussi ! Cette femme a un humour vraiment décapant et le sens de la formule !
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17 mai 2013 at 05:49
Il y a aussi « Deux caravanes » qui est délicieux, n’hésite pas 🙂
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17 mai 2013 at 14:34
Hihi j’aime bien le dernier extrait ! Un pêu de pétillant dans ce printemps déprimant, pourquoi pas en effet 🙂
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